đŸ€ż ❔ 🐟 POURQUOI PÊCHONS-NOUS ? RĂ©flexions ouvertes sur nos motivations en pĂȘche sous-marine…

PubliĂ© il y a 3 semaines - A LA UNE !, ENJEUX DE PÊCHE !

Par Hugues Maldent, publié le 31 août 2023 / modifié le 01 septembre 2023.

🖋 « La rĂ©daction a planchĂ© sur un sujet de fond, des rĂ©flexions ouvertes sur notre pratique de la chasse sous-marine, sur les ressorts psychologiques qui nous font aimer cette activitĂ© rĂ©crĂ©ative et sportive, une approche de la conscience Ă©co-responsable dans la pĂȘche d’aujourd’hui, un brin de philosophie peut-ĂȘtre, et quelques mots sur l’origine de la pĂȘche en mer, de la pĂȘche en apnĂ©e et de son essor… »

Pourquoi pĂȘchons-nous ?

On se rappelle tous le cĂ©lĂšbre sketch des Inconnus : « Il y a le bon chasseur et le mauvais chasseur : le mauvais chasseur, il voit du gibier, il TIRE, ça c’est le MAUVAIS chasseur, c’est sĂ»r ! Alors que le bon chasseur lui, il voit le gibier, bon, il t i r e đŸŽ¶đŸŽ” 
 mais ce n’est pas pareil, ça c’est le BON chasseur ! Â».

PĂȘcheur en apnĂ©e, Ă  pied, Ă  la ligne du bord ou en bateau, tout comme pour la chasse terrestre illustrĂ©e par ce sketch humoristique, les modes de pĂȘche sont multiples et l’état d’esprit ainsi que les motivations des pratiquants peuvent lĂ  aussi varier


Et si on s’interrogeait sur ce qui nous attire dans l’exercice de la pĂȘche, oui, « Pourquoi pĂȘchons-nous ? â€Šquels sont les ressorts psychologiques qui entrent en jeu dans cette activitĂ© ? ».

La pĂȘche sous-marine : on « tombe dedans petit Â»â€Š ou par hasard !

Dans l’activitĂ© qui nous intĂ©resse, la pĂȘche sous-marine – que l’on peut aussi indiffĂ©remment appeler « chasse sous-marine Â» ou bien encore « pĂȘche en apnĂ©e Â»â€“on commence parfois jeune et on peut alors s’exclamer comme ObĂ©lix « je suis tombĂ© dedans petit ! » sans toujours mesurer la chance d’ĂȘtre initiĂ© et guidĂ© en mer par un pĂšre ou un mentor !

Ou bien alors on dĂ©couvre ce sport – plus tard – par le hasard d’une rencontre, d’un passage au bord de mer et la vision d’un ĂȘtre revĂȘtu de sa tenue de nĂ©oprĂšne, sortant de l’eau dans un magnifique silence, avec quelques poissons argentĂ©s, brillant de mille feux sous les rayons du soleil estival.

« VoilĂ , c’est dĂ©cidĂ©, je veux pratiquer moi aussi la pĂȘche sous-marine ! Â» 

LĂ , la magie peut opĂ©rer : un cocktail qui a comme ingrĂ©dients l’envie de dĂ©couverte de ces fonds marins pleins de mystĂšres qui mĂšnent Ă  l’aventure, le bouillonnement intĂ©rieur, cĂ©rĂ©bral, avec toutes les questions sans rĂ©ponses autour de la recherche et la capture d’un premier poisson trĂšs imaginaire aidĂ© seulement d’un Ă©quipement qui nous semble bien minimaliste, oui, cet harpon Ă  Ă©lastiques avec cette flĂšche que l’on propulse Ă  une distance dĂ©risoire de 2-3 m et cette simple paire de palmes qui nous permet d’effectuer un dĂ©placement subaquatique le temps d’une courte apnĂ©e, la libertĂ© d’ĂȘtre un peu hors du temps et du bruit de la civilisation, seul, sans le poids de la technologie pendant quelques heures (ouf !), soi-mĂȘme, dĂ©muni ou presque de tout artifice mais finalement plus ouvert pour ĂȘtre en communion avec la nature Ă©ternelle qui vous emplit alors de bonnes sensations


Soudain on ressent cette passion naissante, comme une Ă©vidence qui, parfois, vous accompagnera toute une vie : « VoilĂ , c’est dĂ©cidĂ©, je veux pratiquer moi aussi la pĂȘche sous-marine ! Â».  

La recherche de satisfactions émotionnelles

Pourquoi pĂȘcher disait-on ? Eh bien, avant tout car la pratique de cette activitĂ©, ce loisir, ce sport, nous apporte un divertissement personnel qui nous nourrit immĂ©diatement de grandes satisfactions Ă©motionnelles : le plaisir physique de l’immersion avec les sensations de descente dans les profondeurs et ces moments de quasi apesanteur, la dimension « apnĂ©e Â» avec le temps suspendu durant quelques dizaines de secondes (ou minutes pour certains !), la recherche du relĂąchement musculaire et mental pour en amĂ©liorer les performances mais aussi la qualitĂ© bienfaisante du ressenti intĂ©rieur, l’exploration chaque fois renouvelĂ©e des merveilleux fonds marins avec leurs faunes et leurs flores, la quĂȘte d’un beau poisson et ce sentiment bienheureux d’ĂȘtre connectĂ© Ă  la nature, en profitant du temps prĂ©sent, Ă  s’abandonner Ă  rĂȘver Ă©veillĂ© mĂȘme
 moments prĂ©cieux et rares !

Bref, ĂȘtre en mer et pĂȘcher, ça rend H E U R E U X et c’est dĂ©jĂ  une bonne raison de pratiquer cette activitĂ© !

Quand pĂȘcher remplissait une fonction « alimentaire Â»

Si la recherche et la capture rĂ©ussie d’un poisson ou d’un fruit de mer a dĂ», depuis la nuit des temps, apporter aussi une satisfaction personnelle, Ă©motionnelle, voire sociale, au chasseur-cueilleur de jadis, ce sentiment, bien qu’important dans la nature humaine, ne devait ĂȘtre que secondaire.

PĂȘcher, pendant des millĂ©naires, c’était rĂ©pondre avant tout Ă  une fonction « alimentaire Â», primaire et prioritaire pour la survie du genre humain. La nourriture de la mer assurait alors un apport nutritif complĂ©mentaire.

L’Homme, cet omnivore, n’a jamais manquĂ© d’imagination pour trouver de quoi manger !

Au palĂ©olithique, on a retrouvĂ© des coquillages et des restes de poissons sur les campements des premiers hominidĂ©s. Il s’agissait certainement de captures opportunistes, des coquillages arrachĂ©s aux rochers Ă  marĂ©e basse sur les secteurs de marnage ou rejetĂ©s sur la grĂšve par les tempĂȘtes, des poissons pris au piĂšge dans des trous d’eau au moment de la basse mer. C’était plus une forme de pĂȘche Ă  pied !

Durant l’AntiquitĂ©, des prĂ©lĂšvements en mer sont attestĂ©s, par exemple dans l’ancien empire Ă©gyptien (il y a prĂšs de 5000 ans) ou bien encore en Chine (il y a 4000 ans). A proximitĂ© du domaine maritime, on a des traces qui montrent que des crustacĂ©s, des coquillages Ă©taient pĂȘchĂ©s pour se nourrir lĂ  aussi mais aussi pour commercer et pour le troc. Des Ă©ponges de mer, du corail, des perles et des coquilles d’animaux marins Ă©taient aussi sortis de l’eau pour des fonctions domestiques ou dĂ©coratives. Cela pourrait prouver que des humains s’immergeaient partiellement ou entiĂšrement peut-ĂȘtre, dans des fonds modestes, pour effectuer ces « cueillettes Â». L’’Homme ne possĂ©dant pas une vision lui permettant de voir correctement sous l’eau sans dispositif (masque ou lunettes) la pĂȘche en apnĂ©e lui devait ĂȘtre impossible. Les poissons pĂȘchĂ©s devaient l’ĂȘtre au filet principalement mais on a trouvĂ© de flĂšches, foĂ«nes, lances et autres harpons spĂ©cialisĂ©s et utilisĂ©s Ă  cette Ă©poque pour transpercer des prises navigant certainement dans peu d’eau, au bord ou en surface. Il s’agit lĂ  encore plutĂŽt d’une forme de pĂȘche Ă  pied, au filet ou de l’ancĂȘtre de ce qui deviendra la pĂȘche Ă  la ligne.

DĂ©but et essor de la pĂȘche rĂ©crĂ©ative en apnĂ©e

PĂȘcher en apnĂ©e est intimement liĂ© aux possibilitĂ©s d’une vision sous-marine correcte ! Si les premiĂšres solutions techniques remontent probablement au 13Ăšme siĂšcle avec les premiĂšres lunettes inventĂ©es par les Italiens, sous la forme de bĂ©sicles (deux verres ronds enchĂąssĂ©s dans des cercles), pour une utilisation sous-marine, il faudra attendre le 19Ăšme siĂšcle et l’invention en 1860 par les Français Rouquayrol et Auguste Denayrouze d’un prototype de bonnet en caoutchouc garni de vitres permettant de voir sous l’eau, l’ancĂȘtre du masque de plongĂ©e !

Pour autant la pĂȘche sous-marine n’existe pas encore. Son invention est difficile Ă  dater et Ă  localiser mais les PolynĂ©siens pourraient avoir Ă©tĂ© les premiers Ă  avoir chassĂ© sous l’eau avec des lunettes de verres artisanales. Vivre sur des Ăźles fait que l’on s’intĂ©resse plus naturellement Ă  la mer et Ă  ses ressources et, en PolynĂ©sie, elle y est en plus claire, chaude, souvent peu profonde (lagons) et poissonneuse, ceci explique peut-ĂȘtre cela.

En MĂ©diterranĂ©e (France et Italie) ainsi qu’aux USA (Floride, Californie), c’est autour de 1920 que les tous premiers pionniers vont s’immerger en maillot de bain avec des lunettes sous-marines rudimentaires et un engin de pĂȘche et partir Ă  la quĂȘte de poissons Ă  pĂȘcher Ă  la nage sous la mer !

C’est vĂ©ritablement les avancĂ©es techniques sur le plan du matĂ©riel : les premiĂšres arbalĂštes dĂ©diĂ©es Ă  la chasse sous-marine (vers le milieu des annĂ©es 30), les premiers masques et palmes (vers 1937), la premiĂšre combinaison (1951) et la crĂ©ation des premiers clubs qui permettront de pratiquer Ă  plusieurs et de partager les connaissances (1933 aux USA et 1935 en France) qui permettront aux premiers pratiquants de s’équiper, de gagner en efficacitĂ©, d’y trouver du plaisir afin de s’adonner Ă  la pĂȘche sous-marine rĂ©guliĂšrement.

L’essor de l’activitĂ©, en France, interviendra vĂ©ritablement aprĂšs la fin de la seconde guerre mondiale. L’amĂ©lioration continue du matĂ©riel, la paix retrouvĂ©e, le dĂ©veloppement Ă©conomique, l’arrivĂ©e des congĂ©s payĂ©s et de plus de temps libre, la crĂ©ation de clubs et de fĂ©dĂ©rations sportives feront que le nombre de pĂȘcheurs sous-marins sera exponentiel Ă  partir des annĂ©es 45-50. PĂȘcher en apnĂ©e remplit alors autant une fonction alimentaire que rĂ©crĂ©ative !

Au fil des dĂ©cennies suivantes, la hausse du niveau de vie moyen des Français fait que l’on pĂȘchera avant tout pour le plaisir et les Ă©motions procurĂ©es par l’activitĂ© et que la fonction alimentaire ne sera plus prioritaire.

Les autres fonctions de la pĂȘche

Dans notre sociĂ©tĂ© dite « moderne Â», si on ne pĂȘche plus pour se nourrir, la fonction « alimentaire Â» se fond maintenant dans une fonction plus large, « sociale Â». En effet, pĂȘcher implique de cuisiner ses prises ensuite mais, plus que de le faire pour se nourrir, c’est le plaisir de valoriser et offrir un bon repas Ă  sa famille ou Ă  ses amis qui va ĂȘtre le leitmotiv avec comme objectif la « convivialitĂ© Â» !

Partager une passion comme peut l’ĂȘtre la chasse sous-marine avec un fils, un pĂšre, un frĂšre ou un ami permet aussi de renforcer les liens sociaux, familiaux, intergĂ©nĂ©rationnels et se forger des souvenirs communs qui rapprochent les ĂȘtres dans le temps.

Vivre au bord de mer, suivre le rythme des saisons et des Ă©vĂ©nements des citĂ©s balnĂ©aires qui mettent Ă  l’honneur la pĂȘche participent aussi Ă  faire perdurer des traditions et des cultures rĂ©gionales qui rassemblent les Hommes, prenons l’exemple des oursinades en hiver en MĂ©diterranĂ©e, les fĂȘtes de la sardine en Atlantique ou les kermesses de la moule dans le Nord de la France !

On pĂȘche aussi en apnĂ©e pour avoir une pratique physique sportive et pour les bienfaits mentaux ressentis, l’activitĂ© chasse sous-marine est particuliĂšrement dĂ©-stressante et apaisante. La pĂȘche sous-marine remplit donc Ă©galement une fonction « santĂ© Â» qui peut ĂȘtre bĂ©nĂ©fique sur le plan mĂ©dical, autant physique que psychique.

L’exercice de la pĂȘche sous-marine peut aussi ĂȘtre un mode de vie (« A way of life Â» comme disent les AmĂ©ricains), une vie saine au contact de la nature, portĂ©e par des voyages de dĂ©couverte de nos cĂŽtes ou du littoral de pays Ă©trangers, des valeurs sportives et de partage, de dĂ©veloppement de ses connaissances et d’expĂ©riences accumulĂ©es qui peuvent aller jusqu’à une expertise sur la mer, la faune, l’apnĂ©e et l’art de cuisiner. En soi, elle permet Ă  un ĂȘtre humain de se rĂ©aliser dans la vie et d’accroĂźtre des qualitĂ©s « humaines Â» comme l’estime de soi, la confiance et la sociabilitĂ© avec les autres.

PĂȘche en apnĂ©e et Ă©co-responsabilitĂ©

Enfin la pĂȘche en apnĂ©e pourrait et devrait ĂȘtre considĂ©rĂ©e plus comme dans l’air du temps,  celui du 21Ăšme siĂšcle qui implique dĂ©sormais, par nĂ©cessitĂ©, une gestion de la ressource ce qui induit le choix de mĂ©thodes de pĂȘche plus sĂ©lectives sur les espĂšces et les individus et peu destructrices pour l’environnement. Aujourd’hui, compte tenu de la baisse de la biomasse de poissons marins et de fruits de mer, il faut s’orienter, que ce soit en pĂȘche professionnelle ou rĂ©crĂ©ative, uniquement vers des pratiques rĂ©sultant d’une « conscience Ă©co-responsable Â» qui respectent ces principes.

Dans la prĂ©dation effectuĂ©e en chasse sous-marine, il y a un minimum d’interactions avec les fonds marins et la flore, donc peu ou pas de dĂ©gradations du biotope, il y a aussi la satisfaction de sĂ©lectionner chaque prise, une Ă  une (l’espĂšce, la taille, le nombre). En action de pĂȘche, il est ainsi facile de respecter les espĂšces rĂ©glementĂ©es et de calibrer ses prĂ©lĂšvements donc de gĂ©rer raisonnablement son impact individuel sur la faune.

Pour aller plus loin dans la rĂ©flexion d’anticipation, c’est aux lĂ©gislateurs – en s’appuyant sur les connaissances scientifiques et la consultation des usagers – de dĂ©finir de maniĂšre intelligente la rĂ©glementation qui respectera les Ă©quilibres des ressources en mer et qui privilĂ©giera les modes de pĂȘche rĂ©crĂ©atif mais aussi professionnel les plus Ă©co-responsables.

Alors pourquoi pĂȘchons-nous finalement ?

Pour tout cela, pour se nourrir, pour des satisfactions Ă©motionnelles personnelles, pour le cĂŽtĂ© sociable avec les autres, pour veiller Ă  sa santĂ© et dĂ©velopper des qualitĂ©s humaines
 en ne s’économisant pas aujourd’hui Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  notre impact sur la ressource en adoptant une conscience Ă©co-responsable dans notre pratique.

De quoi ĂȘtre fier d’ĂȘtre pĂȘcheur sous-marin, non ? 😎

Et vous pourquoi pĂȘchez-vous ? 😉

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