🤿 Reportage découverte / 🐟 La chasse du « mu » sur le récif de Tetiaroa (Polynésie française), entre paradis et adrénaline ! 🌞🌴
Publié il y a 1 mois - A LA UNE !, REPORTAGES DECOUVERTE
Un reportage de Jean-Adrien Carré (photos et texte – février 2025), publié le 18 avril 2025.
« Nous vous proposons un nouveau type de contenu sur lechasseursousmarin.com, avec un premier « REPORTAGE DECOUVERTE » de PÊCHE SOUS-MARINE à l’autre bout du monde, sur une petite île perdue de la Polynésie française : TETIAROA ! L’ambiance est immédiatement exotique pour les pêcheurs sous-marins de Méditerranée ou d’Atlantique que nous sommes, un petit air de paradis sur terre… mais aussi sous l’eau !
Et en immersion justement, Jean-Adrien Carré, chasseur sous-marin globe-trotter nous livre ici le récit de sa quête d’un poisson mi-daurade royale, avec sa gueule massive, mi-denti, pour sa méfiance : le « MU » !
Nous espérons vous emmener en voyage avec ces quelques lignes et ces magnifiques photos… place au rêve et bonne lecture ! 🤩
Si vous avez apprécié ce carnet de chasse d’outremer, que vous souhaitez voir d’autres reportages de voyages et de chasse sous-marine quelque part ailleurs sur la planète, merci de nous le faire savoir ou de proposer à votre tour un récit de vos découvertes et de belles photos. »
Perdue au cœur du Pacifique, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Tahiti, Tetiaroa est le seul atoll des îles Sous-le-Vent. Cet écrin de nature préservé, cerné par un lagon aux mille nuances de bleu, a longtemps été un refuge pour la famille royale tahitienne avant de devenir la propriété de Marlon Brando, qui en a fait un symbole de conservation et de développement durable. Mais derrière cette image de carte postale se cache un de mes terrains de jeu préféré, où chaque sortie réserve son lot de défis et de sensations fortes.
La semaine dernière, je suis parti à la recherche d’un de mes poissons de récif préféré, un poisson caractéristique de nos récifs coralliens, à la chair délicieuse, aussi rusé que méfiant. Il se pêche principalement à l’agachon sur des récifs qui demande une discipline exigeante, où l’observation, la patience et la maîtrise de son apnée sont essentielles. Après un réveil à 5 heures et une traversée en maxi-catamaran de 3 heures, nous nous amarrons au mouillage, au bord du récif, près d’une passe peu profonde, bordée de patates de corail qui semblent parfaites pour tenter une approche discrète.
Dès les premiers instants sous l’eau, la magie opère. Le soleil est là, pas trop haut donc je sais que je pourrai utiliser les ombres pour me cacher dans les structures coralliennes révélant par la même occasion une vie sous-marine en pleine forme. Dans ce décor paradisiaque, les gros balistes, les haame’as (espèces de grosses carpes rouges toxiques) zigzaguent avec curiosité, tandis que des bancs de atures (cousins du chinchard) naviguent entre deux eaux en quête de nourriture. Mais mon attention reste fixée sur mon objectif : le « mu ». Ce poisson gris-argenté, reconnaissable à sa silhouette particulière, sa nage hératique et ses rayures foncées, est réputé pour sa prudence. Au moindre mouvement suspect, il s’éloigne sans laisser la moindre chance !
Il est dit, entre chasseurs, que ce poisson sait reconnaitre nos harpons et arrive en permanence à rester à la limite de la portée de tir. Il est le mix parfait entre le physique d’une dorade royale par sa forme et sa mâchoire faite pour broyer des coquillages et le denti, avec une approche très craintive et discrète, qui fait durer les agachons.
Je me mets à l’eau un peu plus loin dans le bleu, en plein milieu des requins pointes noires, déjà-là et un peu trop curieux. Je palme en direction du récif, et je prends le temps d’observer la zone, tous les poissons sont regroupés à un seul endroit, juste derrière la sortie d’une toute petite passe, où de l’eau chaude, chargée en oxygène, se jette dans « le grand bleu » charriant avec elle son lot de nourriture. J’ai l’habitude d’y voir des carangues, souvent des carangues bleues magnifiques, mais aussi des grosses carangues, « uruati » en tahitien.
On voit sur la photo (ci-dessus) la carangue qui attend dans le courant juste en dessous de la mousse générée par le courant.
Les uruatis, ou carangues géantes, circulent dans le courant. Ce n’est pas particulièrement un poisson que je recherche ici car, vu la puissance de ces poissons et la configuration de la zone, c’est soit tu fais un tir KO, soit tu perds tout ton matériel !
Ce sont des bancs de dizaines de poissons perroquets de toutes les couleurs qui nagent dans cette zone, entre la surface et moins de 10 mètres de fond. Ils ne sont pas craintifs, car ils savent qu’en un coup de queue, ils peuvent aller se cacher sous d’énormes blocs de récifs, ou dans l’écume en surface. Le courant rendant les tirs à la volée ou l’indienne impraticables.
Un peu plus loin et plus profond dans le courant, je vois ce grand banc de mus, immobiles, sur un plateau allant de 15 à 10 mètres de fond. Connaissant un peu le spot, je connais un moyen de me faufiler jusqu’au poste d’agachon, sans être repéré de loin…
Je repère l’anfractuosité stratégique que je connais pour me poster. Une profonde inspiration et je descends lentement, me plaquant contre le corail. Arrivé au fond, je fais très attention de ne faire aucun bruit, que ma boucle de ceinture n’aille pas taper un corail, sinon c’est fini pour moi.
Une fois stabilisé, je plane juste au-dessus du fond pour faire une indienne et arriver derrière un bloc rocheux. J’ai déjà réussi à réduire d’au moins 15 mètres la distance entre le banc et moi.
La clarté de l’eau ici est folle quand les conditions sont bonnes, tu peux avoir jusqu’à 50 mètres de visibilité, couler jusqu’à un caillou, le pensant à 7 mètres sous toi, et une fois au fond te rendre compte que tu es déjà à 12 mètres !
La clarté de l’eau est aussi un avantage pour les poissons qui te voient arriver de loin. Je chasse avec un 135 (cm) double sandows de 14 mm et une flèche de 170 (cm) de 7 mm. Je fais donc très attention de ne pas laisser dépasser mon fusil du rebord sur lequel je suis calé, rien ne dépasse du caillou, la seule façon de me repérer et de passer au-dessus de moi.
J’affectionne particulièrement ce modèle car il me permet d’avoir une sacrée allonge de tir, pas mal de puissance, tout en restant assez polyvalent pour pouvoir tirer des poissons modestes sans déchirer leur chair. Je casse également mon regard, je ne regarde pas directement dans la direction du banc, j’ai les yeux un peu fermés, et la tête rentrée comme quand j’étais petit et que mon papa me grondait !
Je stabilise ma respiration, visualise le banc et le décor autour de moi. Je patiente une vingtaine de secondes pour que toute la vie autour de moi revienne, puis je commence à gratter le sol avec mes doigts, comme un coquillage ou un crustacé pourrait le faire ! Après quelques secondes, une ombre glisse dans mon champ de vision : un mu solitaire s’approche avec un peu de prudence. Son hésitation me laisse une opportunité. Je cale mon tir, ajustant ma visée pour anticiper son mouvement. Une détente fluide et la flèche atteint sa cible. Je testais pour la première fois ma nouvelle caméra 360 que j’avais fixée sur ma crosse, j’ai eu un peu de mal à viser, le poisson est tiré un peu bas, mais il est sur le fil.
Ici, chaque prise se mérite. A peine le mu harponné, je sais que les requins vont arriver, je remonte en tirant le poisson vers moi le plus vite possible ; le laisser au fond pour ne pas risquer de le déchirer, reviendrait à le laisser aux requins avec la possibilité de perdre également ma flèche. Ici les requins ont l’habitude, et au simple bruit de la cassette, ils savent que le repas est servi. Je sens tout de suite une présence fébrile dans l’eau. Le poisson est à moins de deux mètres de moi, donc le « pire » est évité, mais il est en frénésie et avec plusieurs requins autour, je ne suis pas à l’abri que l’un des ces animaux un peu plus téméraire que les autres attaque. D’autres silhouettes fuselées apparaissent au fond, ils cherchent le poisson, en plus de ceux qui, en surface, ont vu que j’avais réussi à remonter à temps. Les requins patrouillent très vite après les tirs. Les récifs de Tetiaroa sont un terrain de chasse prisé pour ces prédateurs qui ne manquent jamais l’occasion de s’inviter à la fête. Les pointes noires s’approchent en vrillant les nageoires, signe d’excitation…
J’immobilise le poisson rapidement pour qu’il ne fasse plus de bruit, ce n’est pas un poisson qui saigne beaucoup, donc là-dessus je ne me fais pas de soucis. Je maintiens fermement ma prise contre mon torse pour éviter toute tentation supplémentaire. Mais il faut quand même faire vite, même si je sais que je ne risque pas grand-chose, ce n’est pas le top d’avoir un banc d’une dizaine de requins qui te tourne autour ! Je suis à une cinquantaine de mètre de mon catamaran, il y en a un autre juste à côté de moi, qui aurait pu me servir de refuge en cas de soucis. Je rentre donc tranquillement avec mon petit poisson escortés des requins qui surveillent que je rentre bien jusqu’à mon bateau.
De retour au catamaran, le capitaine veille déjà aux alentours. Nous plaçons le poisson en sécurité sur la jupe arrière avant de remonter à bord pour une pause bien méritée.
Le regard tourné vers le bleu, je savoure l’instant, c’est mon plus gros mu à ce jour, et surtout mon premier poisson de 2025 ! Conscient de la chance que j’ai de pouvoir chasser dans un tel environnement. Entre la beauté de l’atoll et l’intensité de ses profondeurs, Tetiaroa offre une expérience unique où chaque descente est un mélange de contemplation et d’adrénaline. Une chose est certaine : on ne sort jamais indifférent d’une chasse sur ce genre de récif !
Je mangerai ce mu assez simplement : sel poivre, huile d’olive et au four !
Je pense déjà à ma prochaine session, très probablement sur la côte sauvage de Tahiti, là où il n’y a plus aucune route. Les montagnes qui se jettent directement dans la mer, un immense lagon très dispersé, un spot unique, pas facile à pêcher mais qui regorge de vie !
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