« En pêche sous-marine, pour ma sécurité je me signale ! »
Publié il y a 3 ans - A LA UNE !, SECURITE
Par Hugues Maldent, publié le 17 juin 2021.
Saison estivale, plaisance en hausse… le danger aussi !
Avec l’assouplissement des mesures sanitaires liées à la COVID, l’arrivée de la saison estivale, le besoin pour tous de retrouver la mer, l’activité de plaisance s’intensifie au fil des semaines et va continuer à se densifier jusque durant les mois de juillet et août… Partir naviguer et pêcher en mer ne devraient être que du plaisir et un moment de liberté ! Le milieu marin est un espace ouvert à de nombreuses activités de plaisance sur l’eau et de sports subaquatiques, des règles existent bien pour faire cohabiter tout le monde mais certains l’oublient par ignorance de la législation, par inconscience parfois ou tout simplement car l’erreur est aussi humaine…
Les heurts avec les bateaux à l’origine de 50% des décès en chasse sous-marine…
Dans la pratique de la chasse sous-marine, on pense immédiatement aux risques liés à l’apnée comme danger potentiel évident. Pourtant les statistiques récentes sont là et on peut estimer que la moitié des causes d’accidents graves ou mortels a pour origine le heurt avec un bateau et notamment par les hélices des moteurs. Cela fait froid dans le dos…
Le 12 juin 2021, série noire pour les pratiquants de pêche sous-marine !
Pas plus tard que le week-end dernier, dans la journée de ce samedi 12 juin, les secours sont intervenus au moins trois fois sur littoral de métropole pour porter une aide à un chasseur sous-marin.
Dans le premier cas, il s’agit d’un pêcheur en apnée de 27 ans qui a été ramené indemne sur la plage d’Agon-Coutainville (département de la Manche) par la SNSM après avoir été emporté à la dérive (les courants de marée sont à prendre au sérieux sur tout le nord Bretagne, en Normandie et dans le Nord-Pas-de-Calais ! Il faut impérativement consulter et avoir en tête les horaires de marées avant de partir en mer pour éviter de se faire surprendre par le courant. La présence d’une bouée est aussi bien utile pour retrouver un plongeur isolé en difficulté !
Dans le second cas, il s’agit d’un pêcheur sous-marin de 71 ans parti depuis la plage du Guen, sur la commune d’Erquy (département des Côtes d’Armor), porté disparu en fin de journée, non récupéré avant la nuit par la SNSM partie à son secours et malheureusement retrouvé décédé mardi 15 juin par un plongeur. Nous n’avons pas plus d’informations sur la cause de son décès, il n’y a pas eu d’autopsie car les secours ont conclu à une mort par accident.
Enfin, le troisième cas concerne cette fois un accident par hélice de bateau. Le pêcheur sous-marin pratiquait au sud de l’île d’Houat (département du Morbihan), précisément autour de l’îlot Brévantec, proche de l’île aux Chevaux. A priori, il était proche de son semi-rigide qui portait bien une marque de signalisation obligatoire lorsqu’un plongeur est à l’eau (drapeau Alpha de couleurs bleue et blanche). En théorie, un bateau navigant à l’approche a l’obligation de se tenir à plus de 100 m de distance pour respecter le périmètre de sécurité du ou des plongeurs pratiquant à proximité de leur embarcation. Cela n’a pas été le cas… Un autre pêcheur en apnée, équipier du premier a vu passer le bateau qui ne s’est pas arrêté et qui, on peut le supposer, n’a pas vu ni compris qu’il avait percuté un homme dans l’eau… Le CROSS d’Etel ayant été averti, une vedette de la SNSM a pris en charge le blessé, conscient, pour lui prodiguer les premiers soins. Etant sérieusement touché (bien que nous n’ayons pas plus d’informations sur la nature des blessures), le chasseur a été hélitreuillé et emmené à l’hôpital de Vannes.
A cette liste, on peut aussi rajouter, la semaine d’avant, le cas d’un semi-rigide dont la moitié avant a été en partie détruite après qu’un bateau lui soit carrément passé dessus (!) près du cap d’Ail, proche de Nice (Alpes-Maritimes)… sans occasionner, fort heureusement, de dégâts autres que matériels…
Rappel sur la législation en mer
Que dit la législation ? Pour les bateaux en navigation apercevant un drapeau Alpha sur une embarcation ou une bouée de plongeur isolé en mer, sur le littoral de Manche et d’Atlantique, ils ont obligation de ne pas s’approcher à moins de 100 m. Pour la Méditerranée – et on peut le regretter – un bateau à l’approche n’est pas astreint à respecter cette distance minimale mais il doit adopter une vitesse appropriée pour garantir la sécurité des plongeurs et inférieure à 5 noeuds.
Pour les pratiquants de pêche sous-marine, il y a aussi des obligations. Quand ils utilisent un bateau, ils doivent disposer sur l’embarcation d’un pavillon Alpha, bleu et blanc, à au moins 1 m de hauteur, ainsi visible sur tout l’horizon (division 240 du RIPAM / Règlement International pour la Prévention des Abordages en mer). Ce pavillon, issu du « code international des Signaux » indique la présence à l’eau de plongeurs isolés. Les pêcheurs, une fois à l’eau, ont eu, l’obligation de signaler leur présence au moyen d’une bouée permettant de repérer leur position (décret ministériel de 1990 modifié en 2009). Des arrêtés des préfectures maritimes (de 2011 / 2013 et 2018) prévoit que celle-ci soit surmontée d’un pavillon rouge portant une diagonale blanche (ou avec une croix de Saint-André blanche pour la Manche et l’Atlantique).
Vous retrouverez la synthèse complète de la législation (bouée, pavillons) sur la page de la réglementation générale de la pêche sous-marine en France sur lechasseursousmarin.com, accessible à tous les internautes : https://www.lechasseursousmarin.com/reglementation-generale/
En conclusion
Se signaler est nécessaire – autant par obligation que par bon sens – mais gardons à l’esprit que notre sécurité en mer n’est pas pour autant garantie ! Un bateau à moteur, un jet ski, un voilier peut se mettre en faute, parfois involontairement, et ne pas respecter la distance de sécurité ou la vitesse de navigation et nous mettre en danger. Les jours d’affluence en mer, redoublons de vigilance : inspectons l’horizon avant chaque apnée et si une embarcation vient dans notre direction, attendons de voir si elle nous a aperçu et si elle se déroute, cela nous laissera le temps dans le cas contraire – situation au combien désagréable mais vécue par tant d’entre nous – de palmer vigoureusement pour sortir de sa trajectoire voire de nous immerger au dernier moment pour nous protéger ! Idem, au fond de l’eau, au moindre bruit d’hélice s’amplifiant, remontons rapidement en surface pour aviser de la situation. Ne comptons pas sur les autres pour se préoccuper de notre sécurité, votre meilleur ange-gardien en mer, c’est vous !