Bar commun ou loup

Crédit photo : Didier Martin

Bar franc, Loubine - Dicentrarchus labrax - Moronidae

Identification

Le loup de Méditerranée et le bar d’Atlantique ne font qu’un ! Même si le premier est en moyenne plus trapu et le second plus longiligne (courant oblige !), il s’agit bien de la même espèce et non de deux sous-espèces. D’allure sportive et élancée, ce seigneur de pleine eau a les flancs argentés, un dos gris avec des reflets bleu-vert.

Taille Poids
Commun(e) adulte 60 à 90 cm 5 à 8 kg
Maximal(e) adulte 110 cm 16 kg
Taille légale Poids légal
Manche 42 cm -
Atlantique 42 cm -
Méditerranée 30 cm -
Profondeur d'évolution Profondeur extrême Zone de prospection à privilégier
1 à 30 m 90 m 1 à 15 m
Crédit photo : Hugues Maldent

Notes scientifiques / Biologie :


Le bar est un poisson prédateur qui se nourrit de petits poissons, de crabes et de crevettes.


Son espérance de vie peut atteindre 15 ans en Méditerranée (même si peu de spécimens semblent dépasser 6 à 7 ans sur cette façade maritime) et une vingtaine d’années en Manche / Atlantique où il vit apparemment plus vieux (en captivité – en aquarium – une longévité de 30 ans a déjà été observée).


Il y a un dimorphisme sexuel chez le bar qui naît mâle ou femelle sans inversion de genre en cours de vie. Il y a une corrélation entre la croissance des poissons et la température de l’eau, ce qui explique qu’à âge égal le loup est plus grand que le bar. En Atlantique, la maturité sexuelle se produit entre 4 et 7 ans (taille entre 32 et 37 cm) pour les mâles et entre 5 à 8 ans (taille entre 33 et 42 cm) pour les femelles. En Méditerranée, celle-ci se produit entre 2 et 3 ans (taille entre 23 et 30 cm) pour les mâles et entre 3 à 5 ans (taille entre 31 et 40 cm) pour les femelles. L’âge de reproduction est donc plus tardif pour les femelles. C’est sur ce constat que la majorité des fédérations de pêcheurs préconise une taille éthique de capture de 42 cm afin que tout poisson ce soit reproduit au moins une fois.


Le frai a lieu autour de la mi-décembre jusque fin février en Méditerranée et de janvier à avril en Atlantique (voir jusqu’à mi-mai pour les côtes de Bretagne nord). Les frayères se situent souvent sur une dizaine de mètres sur des fonds caractéristiques : grandes failles verticales, grosses roches avec une arche ou très trouées et couloirs de gros graviers. Il existe des frayères sur toute la Méditerranée, en Atlantique et en Manche (en Bretagne nord, probablement en Basse-Normandie mais, à priori, elles sont absentes dans la région nord). Les femelles libèrent des œufs de 1 mm de diamètre et l’éclosion se produit après 4 à 7 jours.


Il existe plusieurs « populations » de ce Moronidae, en Manche, en Atlantique et en Méditerranée. Les études scientifiques sur les déplacements et les interactions entre ces grands groupes de poissons sont quasi-inexistantes mais quelques marquages récents de poissons montreraient que les échanges, au moins entre les « stock s » de Manche et du golfe du Gascogne, existent bien.

Lieu de rencontre

Le bar/loup est présent sur l’ensemble du littoral français de la région Nord – Pas-de-Calais à la Corse avec des disparités de concentrations selon les zones.

Il affectionne des milieux très variés. Il supporte bien les variations de salinité, de 0,5% à 40% (pour rappel, 35% en moyenne pour l’eau de mer) et de ce fait apprécie les eaux saumâtres des embouchures de fleuves (Loire, Gironde, Rhône…) et les étangs du Languedoc-Roussillon (Leucate, Thau…), des Bouches-du-Rhône (Berre) et de la Corse.

Il se plait particulièrement sur les grandes zones de sable aux eaux turbides et de préférence baignées de courants comme en Baie de Seine (Calvados), en Vendée et Charente-Maritime, dans les Landes, en Languedoc et sur la plaine orientale de la Corse.

C’est un poisson côtier qui aime aussi venir se nourrir, se reposer et se reproduire sur les secteurs de roches et d’algues (posidonies, laminaires, sargasses).

Les dalles, les pierres avec des abris et surtout les épaves sont également très prisées par les bars et les loups qui viennent y trouver refuge parfois avec des concentrations importantes. Cette espèce est par contre sensible aux variations de températures de l’eau. En dessous de 10°C il est le plus souvent absent et à l’inverse, il supporte mal les eaux chaudes au-dessus de 24°C. Il recherche également tout particulièrement les eaux bien oxygénées et on le retrouvera souvent dans l’écume le long des écueils rocheux ou dans les rouleaux en bord de plage.

Fréquence de rencontre

En Méditerranée et, dans une moindre mesure, sur la côte du Pays basque en Atlantique, le loup/bar peut se rencontrer toute l’année alors que sur le reste de l’Atlantique et sur la Manche, il est essentiellement présent en littoral de début mai à fin octobre (voire fin novembre et même un peu plus tard si la météo automnale est très clémente).

En Atlantique et en Manche, les bars se regroupent en côte, en automne (autour de novembre) pour partir au large pour hiverner sur des fonds de 20 à 40 m, voire un peu plus, où les températures seront plus stables. Au printemps, quand l’eau se réchauffe (à partir de 10°C), les bars s’approchent de la côté, d’abord sur les remontées du large, puis se dispersent sur toute la bande côtière (quand l’eau dépasse les 12°C) pour rester tout l’été jusqu’à la mi-automne. C’est donc essentiellement sur ces six mois de la saison chaude que le chasseur sous-marin pourra les croiser.

En Méditerranée, la haute saison de chasse correspond à la période du frai hivernal (de mi-décembre à fin février). Là, les loups sortent des étangs et se regroupent en côte en petits groupes (appelés « compagnes »), le plus souvent constitués d’une grosse femelle et de quelques mâles, plus petits, qui l’entourent. En mars, c’est la « repasse » et les poissons regagnent les étangs ou s’éparpillent sur toute la côte où ils peuvent se déplacer beaucoup. Le chasseur sous-marin peut donc le croiser en hiver sur les zones de frayères et en été de façon plus aléatoire sur les secteurs propices où les loups viennent se nourrir.

 

Techniques de chasse

Toutes les techniques de chasse peuvent s’employer en fonction des circonstances : région, saison, phase et courant de marée (en Manche et Atlantique) et biotope. Si le loup/bar est méfiant, il a aussi la curiosité naturelle du prédateur et son comportement est inégal, voire fantasque.

Bien que considéré comme poisson pélagique (de pleine eau), en côte, il se déplace souvent en suivant les fonds sableux ou rocheux et stationne facilement à l’intérieur de cavités naturelles ou amenées par l’Homme, donc c’est plutôt près du fond qu’il faudra le chasser.

En pleine eau, la technique reine sera l’agachon. Le fait de descendre pour se poster suffit bien souvent à attirer les poissons des alentours. Nombre de pêcheurs sollicitent aussi les loups par de petits sons (bruits de gorges, grattage de la roche, frappe de la crosse de l’arbalète sur la roche, vibration des sandows, sable soulevé) que les poissons perçoivent bien jusqu’à une vingtaine de mètres. A l’inverse, un bruit trop fort (choc d’un plomb ou palme raclant la roche) peut faire fuir un spécimen ou un banc définitivement. Si les poissons sont là, ils approcheront rapidement, après 5 à 30 secondes. Il est le plus souvent inutile d’attendre plus longtemps. Il faudra également éviter les mouvements du corps (comme par exemple de bouger la tête d’un côté à l’autre) qui rendent les poissons méfiants, limitant ainsi leur approche et qui peuvent les décider à fuir. Se cacher dans les algues ou se dissimuler le long d’un relief est un réel avantage et conduira les poissons à approcher vite et près. L’agachon est très adapté à la Méditerranée où, de plus, la chasse à poste permet de se soustraire en partie à la vue des poissons dans une eau souvent claire. En Manche et en Atlantique, cette technique est à privilégier au moment où le flot reprend (environ 1 h à 1 h 30 après l’étale de basse mer puis pendant la montante lorsque le courant de marée est au plus fort) car le poisson circule pour se remettre en chasse et s’approche facilement. Une arbalète longue de 100 cm avec un moulinet et une flèche tahitienne correspond à une arme adéquate.

La pêche en dérive dans le courant est aussi très adaptée en Manche et en Atlantique car le poisson, là encore, sera très actif avec un comportement en mode prédation. Il faudra descendre à la coulée, repérer un relief propice à rejoindre à l’indienne, si possible porté par le courant et stationner dans l’attente des poissons qui peuvent dans ces conditions se présenter très rapidement à distance de tir.

Dans les épaves (bateaux, pontons) et sous les « pierres » (dalles ou roches avec un abri profond, sombre et avec au moins deux entrées) les loups ou bars se calent, seuls, en petits groupes ou parfois en grand nombre quand la structure le permet. La chasse à trou est alors à utiliser avec une arbalète de 75 à 90 cm avec un moulinet et un trident robuste (type Matc) pour immobiliser la prise par un tir dans la tête ou dans le premier tiers de l’animal puis pour l’extraire facilement. Cette méthode de pêche est valable en Méditerranée mais aussi en Manche/Atlantique, au moment de la basse mer (moins de hauteur d’eau et bars plus souvent à trou) ou quand l’eau est très claire (le poisson se « calant » plus souvent dans ces conditions de mer).

L’indienne peut être utilisée dans les petits fonds (en longeant une falaise ou dans les champs de laminaires), en se déplaçant très lentement, et permet de surprendre depuis la surface ou dans quelques mètres d’eau un poisson en train de se nourrir contre la roche ou calé dans les algues, au repos ou en pleine digestion. C’est une technique bien adaptée à basse mer, en Manche et Atlantique, quand les bars circulent peu.

La coulée sera utilisée de façon plus rare et opportuniste, en descendant silencieusement sur un bar isolé et se déplaçant doucement ou sur un banc tournant au ras du sable ou en pleine eau. Dans ce dernier cas, il faut toujours rester au-dessus des poissons (pour éviter de faire sonder le banc ou de le voir disparaître) et tirer les individus qui monteront à votre rencontre.

Galeries photos et vidéos

Bar pêché à l'agachon en été dans les sargasses
Bar capturé dans le Morbihan
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Prise d'un bar à l'agachon
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"Ragabar"...comment approcher les gros bars en apnée et chasse sous-marine (crédit vidéo MAM)
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Galerie de l'espèce

Conseils de préparation

Un des poissons les plus convoités et appréciés pour sa chair. Grillé au barbecue, en croûte de sel au four, en filets… tout lui convient !

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