🏖🧨🖐 Prévention / pierre de phosphore échoué sur le littoral : ne pas toucher, danger de brûlure !

Publié il y a 2 ans - SECURITE

Par Hugues Maldent, publié le 16 décembre 2022 (crédits photo/visuel lechasseursousmarin.com et préfecture du Calvados).

« Une brûlure sérieuse à la cuisse et à la main, c’est la mésaventure subit début novembre par un promeneur qui avait ramassé sur la plage de Saint-Côme-de-Fresné, entre Arromanches-les-Bains et Asnelles-sur-Mer (Calvados) une – jolie pierre rouge – qui s’est avérée être en réalité un morceau de phosphore mouillé, vestige de la seconde guerre mondiale, échoué là à basse mer. Placé dans sa poche de pantalon, celui-ci s’est enflammé en séchant au contact de l’air !»

Cette aventure insolite, largement imprévisible pour qui n’est pas averti, aurait pu s’avérer plus grave et c’est pourquoi nous avons souhaité aller plus loin dans l’information pour comprendre ce qui s’est passé, d’où venait cet élément chimique, comment identifier cette « drôle » de pierre posée là sur le sable ou parmi les galets et surtout adopter le bon comportement si à votre tour vous faites une telle découverte !

Pourquoi le phosphore s’est-il enflammé et quel est le danger ?

Le phosphore est un élément chimique qui reste inactif tant qu’il reste dans l’eau. Une fois échoué, sur une plage à marée basse par exemple, il va sécher au contact de l’air et peut alors se mettre à fumer et s’enflammer très rapidement.

Le danger est double : au contact de la peau, le phosphore en se consumant provoque des brûlures importantes et profondes, difficiles à stopper (sa température de combustion peut s’élever jusqu’à 1000 degrés), de plus il dégage une fumée toxique pour les voies respiratoires.

Mais que faisait un morceau de phosphore sur cette plage normande ?

Toutes ces plages normandes, de la Manche au Calvados ont été le théâtre de la plus importante opération militaire maritime de l’Histoire en juin 1944. Il y a énormément de vestiges encore visibles (pontons de l’ancien port artificiel qui ont permis le débarquement des hommes et du matériel, caissons, barges et bateaux coulés, etc.) mais aussi beaucoup de munitions de tout ordre qui ont explosé ou pas et qui reposent en mer soumises aux forces des marées et des tempêtes.

Parmi ces armes, il y a des bombes au phosphore larguées par les avions alliés et américains notamment. Avec le temps, certaines finissent par s’échouer, entières ou en morceaux sur les longues plages de sable normandes. Même si ce n’est pas si fréquent, un promeneur ou un pêcheur sous-marin traversant la grève peut tomber par hasard sur une petite pierre de phosphore déposée par la marée sur le littoral normand… mais aussi partout où il y a eu des bombardements, comme sur la côte atlantique où les Allemands avaient positionné tout le long leur ligne de défense avec les fameux blockhaus composant le « mur de l’Atlantique ».

Rien que pour le littoral de la Manche et de la Mer du Nord, la préfecture maritime intervient chaque année pour détruire entre 400 et 700 engins historiques dangereux, l’équivalent de plus de 11.000 kg de TNT (année 2021) !

Le phosphore blanc est prélevé dans les mines et a été largement utilisé lors de la seconde guerre mondiale pour la fabrication des bombes et des grenades incendiaires.

Comment identifier une « pierre » de phosphore ?

Les morceaux de phosphore que l’on retrouver sur nos plages sont anciens et issus des fragments de munitions utilisées pendant le conflit mondial de 39-45. Leur couleur peut aller de l’ambre, au jaune et, avec le temps, au rose intense à rouge (comme sur l’illustration de la préfecture du Calvados).

En séchant, il s’embrase au contact de l’air et dégage une fumée blanche épaisse. Cette particularité fait que le phosphore est encore utilisé dans les armes de guerre pour masquer, par exemple, l’avancée de troupes au sol par des écrans de fumées blanches (on peut malheureusement actuellement en avoir une illustration avec les images fournies par les télévisions avec le conflit en cours entre la Russie et l’Ukraine).

Quel comportement adopter si vous découvrez un morceau de phosphore sur une plage ?

Evitez tout contact corporel avec le phosphore donc surtout ne le ramasser pas à la main. Ne prenez pas non plus le risque de le transporter car s’il s’enflamme, par exemple dans un espace fermé comme une voiture, la fumée est nocive et peut provoquer une intoxication par les voies aériennes.

En cas de brûlure de la peau, on peut limiter la propagation avec un bain d’eau froide. Dans tous les cas, il faut consulter au plus vite un médecin pour un avis et un accompagnement médical.

Prenez une photo avec votre téléphone portable, marquer le point GPS et indiquer l’emplacement en plantant par exemple un morceau de bois verticalement dans le sable à proximité immédiate. Composez ensuite le 17 pour prévenir la gendarmerie ou la police locales.

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